Lexique estudiantin belge pour l’étudiant français

La semaine passée, j’ai eu l’occasion de rencontrer le temps d’une soirée de jeunes françaises de mon âge faisant leurs premiers pas dans le monde estudiantin belge en entamant un master à l’ULB. La soirée était très agréable, mais j’ai pu remarquer que la communication était parfois compliquée : enthousiaste, je raconte, surexcitée, les différents événements de ma vie estudiantine bruxelloise. Et là, c’est la surprise : j’ai l’impression de parler chinois (bon, j’exagère un peu, disons qu’un mot sur deux semblait désarçonner mes interlocutrices).

Proximité avec la France, accès facilité à certaines études, les frites, les bonnes bières : ces quelques arguments font de notre plat pays une destination de choix pour beaucoup d’étudiants français.

Voici un petit guide de survie pour comprendre le jargon universitaire belge, à destination des Français déboussolés quand ils entendent le mot « baptême » ou « minerval ».

Le logement étudiant 

Kot : en Belgique, les étudiants ne vivent pas dans un appartement, ils vivent dans un kot. Un kot est un logement loué à des étudiants pendant l’année scolaire. Généralement, les étudiants y vivent la semaine et retournent chez leurs parents pendant  le weekend et les vacances. Le mot kot vient du flamand et signifie « petit abri », « niche », « cabane », ou encore « taudis ». C’est un belgicisme qui décrit au départ un placard. Ce mot est aujourd’hui utilisé pour décrire les logements étudiants, faisant le lien avec l’aspect étroit de ces habitations. Les kot sont soit individuels, soit partagés entre colocataires.

Koter : louer et habiter un kot, logement étudiant, pendant la semaine.

Kotteur / Kotteuse : locataire d’un kot.

Cokotteur / cokotteuse : colocataire

Kot-à-projet (kap) : un kot à projet est une association qui compte entre 8 et 12 étudiants. Ces étudiants vivent ensemble dans un logement communautaire, et ont tous en commun l’envie de mener à bien un projet qui leur tient à cœur. Les projets sont variés : ils portent sur l’environnement, la culture, l’humanitaire,… Les kots à projet sont des lieux de rencontre et de dialogue. Il y a plus de 130 kots à projet en Belgique.

Les cours

Le blocus : le blocus se définit communément comme « une opération visant à couper le ravitaillement (nourriture, armes,…) ou les communications d’une zone par la force ». Cette définition est très imagée et pourrait servir de description à la période d’étude précédant les examens en Belgique (sauf pour le ravitaillement, le blocus étant souvent propice à la prise de poids). Le blocus est donc la période de préparation des examens, elle a lieu pendant les vacances de Noël (rendant les fêtes de fin d’année très moroses), et à la fin du mois de mai. Pendant ces quelques semaines, les étudiants se plongent corps et âme dans leurs piles de syllabus et ingurgitent en une quinzaine de jour la matière d’un semestre entier.

Une cote : une note à un examen.

La faculté : les Français ont souvent l’habitude de dire « je vais à la fac’ ». En Belgique, on ne va pas « à la fac’ », on va « à l’unif’ ». A l’ULB, l’Université est divisée en « facultés », organisées en sujet d’étude. L’ULB compte de nombreuses facultés : la Faculté de Philosophie et Sciences Sociales, la Faculté de Lettres, Traduction et Communication, la Faculté de Droit et de Criminologie, la Faculté des Sciences,…

Minerval : il s’agit des frais d’inscription pour être inscris à l’université ou en Haute Ecole. Anecdote intéressante : le terme minerval vient du mot «Minerve », le nom de la déesse romaine de la sagesse, des sciences et des arts (auquel est ajouté le suffixe –al, pour faire du mot un adjectif). L’étudiant qui paye son minerval paye en fait son accès à la sagesse, aux sciences et aux arts.

La fête

La guindaille : la guindaille est un belgicisme d’origine liégeoise utilisé pour désigner les fêtes (ou les beuveries) étudiantes. Pendant une guindaille, on fait des à-fonds, on lance joyeusement le contenu de son verre en l’air, on prend des douches de bière, et on chante très fort « l’Aventurier » d’Indochine ou « le lac du Connemara » de Sardou. Le lieu privilégié des « guindailleurs » est le TD : acronyme de Thé Dansant, il s’agit de soirées étudiantes se déroulant du lundi au jeudi, de 22h à 3H du matin, où règne une ambiance endiablée (et les mauvaises odeurs).

Le baptême : il ne s’agit pas de revenir à une vie nouvelle grâce au signe de croix et à l’eau bénite, loin de là. Mais c’est bien d’un rite initiatique dont on parle ! Il s’agit d’une tradition où les bleus (c’est-à-dire les nouveaux étudiants) sont amenés à réussir des épreuves pour obtenir le statut de « baptisé ». Les épreuves sont secrètes et personne (à part les baptisés) ne connaît réellement le déroulement des évènements. On sait cependant que les étudiants sont invités à connaître leurs limites physiques et psychologiques, et à les vaincre, qu’une certaine solidarité se créé, que les étudiants apprennent l’histoire et la culture de l’université, et surtout que la bière (souvent la Cara Pils) coule à flots.

La penne : le « chapeau » porté par les baptisés. Dans les universités catholiques, la penne s’appelle la « calotte ».

Un à-fond : un à-fond est un jeu à boire très répandu dans les milieux estudiantins belges. Le but est de boire le plus vite possible une certaine quantité de bière. La plupart du temps, il s’agit d’une compétition, précédée pour les plus puristes par le petit chant classique « Au Frontibus ».

La Saint-V : la Saint-Verhaegen commémore la fondation de l’Université libre de Bruxelles, chaque 20 novembre. Ce jour est un jour clé pour le folklore estudiantin. Le jour de la St-V, le cortège des baptisés fait le tour du centre de Bruxelles. Les chars rassemblent des camionnettes et des remorques, et sont décorés selon un thème particulier, abordant des sujets comme le pacifisme, la lutte contre l’extrême-droite, le folklore… Chaque char transporte bien entendu des pompes et fûts de bière.

Si ce petit lexique vous a donné envie de découvrir la vie universitaire belge (et son folklore… avec (ou sans) modération), je vous invite à consulter le blog du SIEP pour en apprendre plus sur le fonctionnement des études en Belgique, et à nous contacter pour toute question.

Cet article du Consulat Général de France à Bruxelles donne également beaucoup d’astuces sur toutes les démarches administratives à suivre pour venir étudier au pays de la bière et des frites.

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